chatons couverts de givre, en janvier, photo: Frédérique
Avec le deuxième indice, il était facile de trouver ce que représentait la 2 ème photo mystère...
il s'agissait en effet de chatons de Noisetier, Corylus avellana fortement grossis; jaunâtres, cylindriques, pendants, à écailles obovales trilobées recouvrant 6 à 8 étamines barbues en train de libérer leur pollen au moindre souffle de vent...
Le noisetier avait déjà fait l'objet d'un article en janvier 2014:
voir:
http://naturalistesdubugey.over-blog.com/2014/01/printemps.html
Pour compléter cette publication, un peu d'histoire !
Remontons le temps jusqu'au Néolithique...A cette époque, les fruits sauvages capables de subvenir aux besoins de l'alimentation humaine étaient rares en nos contrées...
"" Les peuplades néolithiques qui associèrent longtemps la cueillette à leur ébauche d'agriculture, ne connaissaient d'autres fruits secs, susceptibles d'être conservés pendant l'hiver, que la noisette et la faîne du Hêtre, puisque le Châtaignier ne fut planté que tardivement au nord de son aire naturelle, puisque le Noyer paraît n'avoir été introduit qu'à l'âge du fer.
Des sondages et des fouilles entrepris sous la direction du professeur F. Bourdier, en 1955, dans les sédiments du lac de Chalain, à 18 km à l'est de Lons-le-Saunier (Jura), où une vaste cité lacustre avait été découverte en 1904, livrèrent, dans le niveau archéologique le plus ancien, succédant à la phase du Sapin (vers 2500 avant J.-C.), un pourcentage extrêmement important de pollens de Noisetier.
Découverte de la pirogue de Chalain en 1904 ( Bronze final, 1000 av. J.C. ) photo: Wikipedia
"Il est probable que l'homme des cités lacustres a favorisé le développement du Noisetier au voisinage de ses habitations, car les noisettes constituent de véritables lits dans les niveaux d'habitat et elles devaient entrer, pour une part notable, dans l'alimentation" (F. Bourdier, Le bassin du Rhône au Quaternaire ).
Les noisettes ne sont pas moins nombreuses dans les palafittes du lac d'Annecy (âge du cuivre) et du lac du Bourget (Bronze final)""
Pierre Lieutaghi, le livre des Arbres, Arbustes et Arbrisseaux
Apprécié par les Grecs et les Latins, aliment précieux en cas de disette, la noisette est restée jusqu'à nos jours l'un des fruits sauvages européens les plus recherchés...
mais jusqu'à quand ???
en effet:
"en raison du réchauffement climatique, le front de la limite forestière est en train de grignoter petit à petit les pentes enneigées en remontant vers les cimes. Les arbres poussent désormais plus haut et la forêt s’installe dans des secteurs où il n’y en avait pas.
Autres conséquences du réchauffement : des espèces d’arbres vont migrer et d’autres disparaître. Ceux qui poussaient plus au sud vont peu à peu remonter vers le nord pour pousser dans des zones plus froides et à plus haute altitude, au détriment des résineux, comme les sapins
. « Dans les montagnes du nord, les hêtres sont en train de prendre le dessus sur les sapins qui disparaissent petit à petit »
Dans le sud, certaines espèces d’arbre sont déjà en train de disparaître, « c’est le cas du noisetier, explique Frédéric Berger*, on peut s’attendre dans un siècle ou deux à sa disparition complète. »
*: ingénieur de recherche en sciences forestières à l' IRSTEA
extrait d'un article de Tatiana LISSITZKY paru dans le journal: Ouest- France