Un mercredi pas comme les autres: La Réserve du Luitel - 7/06/2023
C'est là que Carole nous a rejoints...
Habituellement le mercredi est dédié à des sorties de proximité et pédagogiques, le 7 juin, il s'agissait d'aller plus loin dans un milieu bien différent du Bugey:
En effet cette réserve est située à l’extrême sud du massif de Belledonne, en aval de Chamrousse, une station de ski aux portes de Grenoble. Guère étendue (17 hectares) elle est la doyenne des espaces protégés, créée en 1961. C'est d'abord dans son histoire que Carole va nous entrainer.
10 000 avant JC, la fin de la glaciation, le réchauffement laisse dans une suite de dépressions plusieurs lacs, dont les parties émergentes sont colonisées par des lichens, des bryophytes, surtout des sphaignes; la température, l'absence de minéraux entraine une accumulation de matière organique mal décomposée: la tourbe, qui comble les parties les moins profondes. D'autres espèces frugales et acidiphiles s'installent.
Par la suite, ce milieu se maintient, le paysage est plus ouvert et du fait du pâturage, n'évolue guère.
En1937 la réalisation d'une route change les choses avec la création d'un camp pour héberger les travailleurs, puis un chantier de jeunesse et enfin, brièvement une unité du maquis: cela se traduira par un début d'eutrophisation par les rejets divers du côté ouest de la tourbière. Une autre perturbation surgira dans les années soixante: située en aval de la route qui mène à Chamrousse, le sel de déneigement s'y écoule.
Il semblerait que, si l'évolution du sol n'est pas vraiment maitrisée, le sel ne soit plus un problème...
La visite, outre une parenthèse historique et technique commence en forêt avec des espèces assez classiques... Nous aurions pu être en Valromey...
Maintenant nous rentrons dans la tourbière profonde!!!
Enfin nous arrivons à la star du jour: la scheuchzerie des marais, là les conseils de Carole ont été utiles! La chance aussi est de notre côté car sa floraison dure peu.
Et toujours les sphaignes! Je dis les sphaignes mais, en fait, il y en a 17 espèces dans la réserve!
Enfin la laîche des bourbiers, l'autre objectif!
Il y aurait encore à dire sur cette petite réserve, vous parler du saule à oreillettes ou du trèfle d'eau, cela sera peut être pour une autre fois. Une chose encore: ces milieux sont fragiles, selon la brochure de la réserve, en 50 ans les tourbières sont passées de 1710 à 250 ha dans l'Isère, même situation ailleurs en France, la sécheresse, le réchauffement climatique les menacent aussi...
Lors d'une escapade, avec ou sans la SNB, les lieux valent un déplacement.
Philippe
photos: Joel