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Naturalistes du Bugey

28 Août dernier...au lac Genin

24 Septembre 2021, 14:27pm

Publié par Antoine Magnouloux, photos: Nicole et Joel

avec les Naturalistes d'Oyonnax...merci à Antoine qui a rédigé ce texte fort documenté!

82 plantes ont été déterminées pendant la sortie.

Sortie du 28 aout 2021

 

Le LAC GENIN et la Tourbière des Renons

 

Les Naturalistes du Bugey ont organisé leur sortie botanique et mycologique d'automne au lac Genin et Les copains d'Oyonnax y ont chaleureusement été invités. La flore du lac Genin ne nous est pas étrangère, mais il y a toujours quelque chose de nouveau à voir. Et surtout, c'est l'occasion de se retrouver d'une manière conviviale, après ces semaines et ces mois de troubles sanitaires.

Le rendez- vous est fixé a 10 Heure vers l’Auberge du lac.17 personnes sont présentes. Après la distribution du café accompagné de petits gâteaux, un petit groupe de mycologues décide de partir au nord vers la tourbière des Molonnes à la conquête de quelques champignons, les autres plus passionnées par les fleurs  font le tour du lac. Situé dans un environnement forestier, il conserve quelques secteurs tourbeux très intéressants sur son pourtour.

28 Août dernier...au lac Genin

Le lac de Genin :

Pour les locaux ’’c'est leur Petit Canada…’’ un lac de moyenne altitude du massif du Jura. Il se situe au milieu d'une forêt typiquement jurassienne, entouré de sapins, d'épicéas et de feuillus aux couleurs vives en automne, libérant un sentiment d'espace sans limites.

Classé en 1935 « site à caractère naturel et pittoresque » (loi du 2 mai 1930), le lac Genin est une véritable pépite naturelle. Magnifique lac de combe, il  se partage entre trois communes : Oyonnax, Echallon et Charix. Cette véritable aire de jeux naturelle offre diverses activités aux visiteurs : sentiers de randonnée, circuits VTT, baignade surveillée, pêche, grimpe dans les arbres et surtout un paradis floral… En hiver, le lac change de tenue mais reste fidèle à son image. Recouvert de neige et de glace, avec les rayons du soleil qui se réfléchissent à chaque endroit, le spectacle est sans doute encore plus beau ! vous pourrez goûter aux joies du ski de fond, du patin à glace, de la promenade en raquettes ou encore de la plongée sous glace

28 Août dernier...au lac Genin

De retour vers les voitures  Il est 12h30 nous retournons a l’est du lac, pour le repas tiré du sac c’est un moment très convivial ou tout le monde partage sa spécialité culinaire. Ensuite nous déterminons les champignons des mycologues.

 

Il est 14h30, nous nous dirigeons vers la tourbière des Renons en flânant de fleurs en fleurs.

28 Août dernier...au lac Genin
Lysimaque vulgaire, Lysimachia vulgaris, Primulacées

Lysimaque vulgaire, Lysimachia vulgaris, Primulacées

Géologie :

    Altitude: 850 mètres,  Superficie: 8,15 hectares, Profondeur: 19 mètres, Largeur: 330 mètres, Longueur: 380 mètres

Ce lac est situé dans une dépression du synclinal de Charix orienté NNE-SSW et segmenté par des fractures NW-SE. Il est alimenté par les eaux de ruissellement et des venues d’eaux souterraines. Le trop-plein s’écoule vers le sud par un réseau souterrain dont l’entrée est bien visible. L’origine de la dépression est probablement karstique avec surcreusement ultérieur du glacier jurassien et dépôt de sédiments argileux imperméables

28 Août dernier...au lac Genin

La tourbière des Renons :

Arrivé dans la prairie au dessus de la tourbière, Patrick nous en explique la formation : Ici le temps n’a plus court pour faire pousser un champ de poireaux il faut un an; pour faire pousser une forêt il faut 150 ans à 200 ans, mais pour faire une tourbière il faut 10 000 ans Ce milieu est une succession d'archives inscrit dans la tourbe.

La tourbe est le dépôt de matière organique dont l'humification est très lente (quelques mm /an). Selon le degré de composition et de transformation on peut trouver:

- La tourbe fibreuse (fibrist) d'aspect roux, dont la matière organique est peu décomposée, la structure des plantes est encore visible.

- La tourbe servi-fibreuse (lénist) intermédiaire cette tourbe est riche en lignine.

- La tourbe altérée (saprist) d'aspect noir la structure des plantes n'est plus visible.

 

A la tourbière des Renons, gérée en faveur de la biodiversité depuis 2004. Il y a un creux bien marqué, qui dans des temps reculés hébergeait un petit lac. Après la dernière glaciation, ce petit lac se sera progressivement comblé donnant naissance à la tourbière actuelle. Les tourbières sont de véritables conservatoires biologiques. La rareté et l’originalité des espèces (animaux et plantes) qui y vivent sont donc une des raisons pour les préserver. Cette tourbière de 3 Ha a été identifiée comme une des tourbières alcalines les plus riches du département avec 14 espèces de plantes d’intérêt patrimonial majeur. Aussi, le rôle des tourbières dans le cycle de l’eau revêt une importance capitale. Elles possèdent une réelle capacité de stockage de l’eau, leur permettant de retenir des volumes importants et de les restituer progressivement. Les tourbières nous permettent, grâce à l’analyse des carottes de tourbe, de connaître énormément de choses sur l’environnement des 10 000 dernières années

Drosera longifolia, Rossolis à longues feuilles, Droseraceae

Drosera longifolia, Rossolis à longues feuilles, Droseraceae

Drosera rotundifolia, Rossolis à feuilles rondes

Drosera rotundifolia, Rossolis à feuilles rondes

Mais les conditions de vie sont rudes pour la flore ; saturation en eau permanente, températures fraîches, peu de nutriments disponibles dans le sol. Il faut être spécialement adapté à cet environnement pour s’y développer. C’est le cas des plantes carnivores.

Faute de trouver assez de nutriments dans le sol, les droséras capturent des insectes au moyen des gouttelettes collantes  sur les feuilles, qui se recourbent légèrement sur la proie et l’emprisonnent jusqu’à l’avoir totalement digérée. La tourbière est constellée de tapis de sphaignes, sécrétant l’acidité que les plantes doivent supporter. Ces mousses en poussant sans cesse vers le haut, submergent les plantes qui tentent de s’y installer. Quelques espèces ont une croissance adaptée pour survivre dans ces conditions. La canneberge (Vaccinium oxycoccos), par exemple, a des tiges rampantes : elle se développe ainsi en restant toujours à la surface des sphaignes. Ici et là on voit les buttes qui s’appellent les touradons, faits d’un amas de racines d’une laiche « laiche à épis rapprochés (Carex appropinquata) », qui se hissent ainsi hors de l’eau.

Succisa pratensis, Succise des prés, Dipsacacées

Succisa pratensis, Succise des prés, Dipsacacées

De petits arbres, comme le bouleau pubescent (Betula pubescens) et le saule rampant (Salix repens) avancent depuis la forêt autour. Nous avons pu observer de nombreux spécimens,comme la grassette (Pinguicula vulgaris), tofieldie à calicule (Tofieldia calyculata), rhynchospora blanc (Rhynchospora alba),  la renouée bistorte (Polygonum bistorta) et bien d’autres encore … .

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Il est environ 18 heures lorsque nous regagnons nos véhicules et le moment de se dire à une prochaine fois

 

Merci pour cette rencontre Le but premier n’était pas de faire progresser la science, mais une rencontre amicale entre Bugistes, avant les frimas d'automne.

 

A. MAGNOULOUX

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La sortie a été l’occasion de la découverte de Triglochin palustris  (le Troscart des marais), espèce protégée (et rare je crois), qui n’avait pas été répertoriée à cet endroit. La donnée a été transmise au CEN (Conservatoire des espaces naturels) de l’Ain, gestionnaire du site pour le compte du Département (site classé Espace naturel sensible-ENS

Merci à Catherine, Naturaliste du Bugey qui a fait cette belle découverte!!!

image Wikipedia

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