Coup d’oeil sur une épopée
Avant de poursuivre le récit des explorations botaniques de nos amis Naturalistes, voici un topo rédigé par Philippe concernant l'historique de ces montagnes du sud Dévoluy bien malmenées par les hommes...
Pierre ayant proposé d’aller voir ce qui pousse plus haut et plus au sud, nous sommes donc partis écumer le sud du Dévoluy, la montagne de Ceüse et autres lieux.
Iris jaunâtres, chardons blanche-épine et autres ibéris du mont Aurouze étaient au rendez-vous, j’ai aussi tripoté moult pigamons afin de m’assurer qu’ils étaient petits ou bien fétides et me suis compliqué l’existence avec un Monochamus sutor dont je ne suis pas encore sûr…
Trêve de botanique, oublions les longicornes.
Le village des Sauvas, ces quelques maisons n’ont pas toujours eu le même environnement forestier, un poster, daté de 1889, dans le gîte qui fut le nôtre résume cette époque
Les autochtones pour survivre, sciaient la branche qui les portait,
le « pays noir » de jules César (noir car densément boisé, 50 ans avant J-C) avait, depuis le Moyen-Age et la Révolution tourné à la prairie dégradée entre démographie, élevage et cultures, même les Chartreux, propriétaires des lieux, semblent avoir eu une très courte vue, aggravant l’érosion par le défrichement et la mise en culture… ).
En 1789, le cahier de doléances de Montmaur disait : «L’état des bois est de fort petite valeur… à peine pouvant subvenir aux besoins de la communauté». Il attirait aussi l’attention sur les inondations et les engravements, les routes coupées (même celle de Veynes à Gap), ponts emportés dont était victime cette cité. Plus d’arbres, une herbe maigre, les freins aux débordements de la Sigouste et autres torrents et à l’érosion n’existaient plus…
1889 !!! La restauration des secteurs critiques commence : en particulier celle des griffes d’érosion résultant de l’affouillement par les hautes eaux de la Sigouste que domine les Sauvas
2015 !!!
Voici les lieux tels qu’ils sont aujourd’hui et même si des travaux s’imposent toujours, le hameau est bien moins menacé…Nous sommes loin des griffes d’érosion de 1889 qui mettaient le hameau au bord du gouffre.
Il faudra attendre le début du XIXème siècle pour que l’administration des Ponts et Chaussées s’engage dans la sécurisation des routes surtout par la construction de digues…
Mais l’essentiel restait de limiter l’érosion et le transport de matériaux depuis l’amont, c’est là que l’Etat va intervenir, la simple mise en défens ne suffisant pas : achats à l’amiable des terrains, expropriations… Avec les problèmes de délimitation, de propriétés indivises… qui vont avec !
Les Eaux & Forêts ont alors pris le relais pour reboiser, les villages rachetés sont devenus des bases abritant ouvriers et gardes forestiers et aussi des pépinières.
Celle des Sauvas produisait 180 000 plants l’an (je présume en majorité des pins noirs d’Autriche ainsi que des mélèzes?), des chemins carrossables, des sentiers ont été ouverts (70Km). Les forestiers pour cette mission ont utilisé toutes sortes d’essences : pins noirs, mélèzes quelquefois épicéas, feuillus pour les ravins (saules, peupliers, aulnes blancs… jusqu'au cytise pour les zones rocheuses !