feuilles d'automne
Fin novembre, un épais tapis de feuilles recouvre sous-bois et chemins...
elles ont perdu leurs couleurs éclatantes, désormais, c'est le brun qui domine...
Plus tôt dans la saison, si l'on n'a pas levé la tête pour regarder la composition des taillis, il suffit à présent de regarder le sol pour faire des découvertes:
- c'est ainsi que dans la forêt communale de Rothonne, où nous allons souvent à la recherche de champignons, les plantations de chênes sont importantes:
mêlées parfois de châtaigniers et de hêtres...
on a des surprises aussi, telle cette feuille de chêne rouge, Quercus rubra, avec ses lobes à pointes aigües dirigés vers l'avant, indiquant la présence de ce bel arbre.
Dans une partie du bois, ils ont été plantés en nombre
les arbres sont nus...
seuls quelques irréductibles ( non ! pas des Gaulois, on n'est pas dans Astérix ! ) non conformistes, jeunes sujets le plus souvent, refusent de se dévêtir...ils se nomment:
chêne, charme, hêtre...
leurs feuilles jaunissent, sèchent mais restent sur l'arbre tout l'hiver.
- Les chênes, Quercus robur, chêne pédonculé et Quercus petraea, chêne sessile ou noir, faciles à reconnaître grâce à leurs feuilles munies de lobes obtus...mais pas toujours faciles à distinguer l'un de l'autre !
- Le charme, Carpinus betulus, utilisé pour constituer des haies semi-persistantes: "les charmilles"
Les feuilles des charmes sont entières, ovales-oblongues et doublement dentées... ce qui les distingue aisément de celles du hêtre qui ne sont pas, ou faiblement dentées et ciliées-soyeuses à l'état jeune.
Voici un moyen mnémotechnique pour les reconnaître:
"le charme d'Adam, c'est d'être à poil !!!" ( charme à dents, hêtre à poils ...)
Ci-dessus, une petite section de charmes dans la forêt, trahie par la présence de nombreuses bractées foliacées trilobées, maigres restes des belles grappes de chatons femelles renfermant les akènes...
- Le hêtre, Fagus sylvatica, à feuilles elliptiques ou ovales, entières et, on l'a déjà dit, pas ou faiblement dentées
On dit que ces arbres ont un feuillage marcescent, du latin: marcescentem, participe présent de: marcescer: se flétrir
En effet, ces essences ne forment pas de zone d’abscission* mais un tissu appelé thylle**, c’est-à-dire un amas de cellules qui prolifèrent et finissent par empêcher la circulation de la sève. Les hormones végétales n’atteignent alors plus les pétioles. Les feuilles restent généralement sur l’arbre jusqu’au débourrement (lorsque les nouvelles feuilles apparaissent )
**Ces "thylles" se forment couramment dans le bois, par exemple, dans le cas d’une blessure (section d’un organe), les thylles semblent avoir un rôle protecteur, ils obstruent l’ouverture des vaisseaux, formant ainsi une barrière contre les infections parasitiques ou saprophytiques. *
*http://docnum.univ-lorraine.fr/public/SCD_T_2010_0059_GHAZIL.pdf
Les arbres, plus ou moins dénudés, nous rappellent la venue imminente des frimas de l'hiver, même si cette année, grâce à des températures clémentes, ils ont pu garder longtemps leur parure chatoyante...
dans quelques temps, nous dirons peut-être comme Victor Hugo:
....................................................................................
Vois, cette branche est rude, elle est noire, et la nue
Verse la pluie à flots sur son écorce nue ;
Mais attends que l'hiver s'en aille, et tu vas voir
Une feuille percer ces noeuds si durs pour elle,
Et tu demanderas comment un bourgeon frêle
Peut, si tendre et si vert, jaillir de ce bois noir...
(Recueil : Les feuilles d'automne (1831).)