couleurs d'hiver
Décembre 2021, les jours brumeux alternent avec la grisaille des nuages bas;
la neige a fait une apparition fugace, peignant la campagne de blanc et de noir...
Le soleil revenu, ravivant le paysage nous invite à sortir à la découverte des couleurs de l'hiver, comme ce fut le cas ce jour de décembre 2016!
Rappelez vous....
mardi 20 décembre 2016
Le beau temps persistant est une invite à poursuivre les promenades en forêt...
Cette semaine: direction Poirin, sur la commune de Marignieu, où, dans une forêt claire traversée par "la voie romaine", ancienne route rectiligne qui relie Marignieu à Ceyzérieu, on peut admirer une chapelle située dans une clairière où se déroule chaque année une messe en plein-air.
Voici ce qu'en dit Michel Bigoni :
http://www.ballad-et-vous.fr/la-chapelle-de-poirin-entre-foi-et-mystere/
"L’histoire de cette chapelle remonte bien loin dans le temps, on dit qu’elle fut construite au Moyen-âge par les sœurs du couvent de Bons, qu’elle reçut au XVIIè siècle la visite de François de Salles, puis qu’elle fut détruite à la révolution. Les marques d’attachement ne cessèrent pourtant pas jusqu’à ce qu’un abri de fortune au toit de chaume abrite en 1824 une vierge noire, mais style Renaissance, provenant d’une ancienne porte de Belley. Cinq ans plus tard sous l’impulsion d’un vicaire de Ceyzérieu, les habitants de la commune reconstruisirent la chapelle que l’on peut voir aujourd’hui.
Une stèle près de l’autel de pierre où la messe se déroule, a été dressée par quelques rescapés de la seconde guerre mondiale pour remercier la Vierge du lieu de les avoir protégés. On prétend que des guérisons ont été attribuées à celles-ci de tout temps.
Derrière le bâtiment se dresse un calvaire de pierres jointes élevé au 19è siècle.
Toujours est-il que ce lieu continu à exercer un attrait spirituel mystérieux.
On dit qu’une source près de la chapelle apparaît avant chaque grande guerre… Il se peut également qu’une vierge noire au Moyen-âge ait précédé celle provenant de Belley qui ne serait qu’un substitut malgré sa grande beauté. D’autres chercheurs avancent l’idée que la chapelle serait construite sur un ancien tumulus. Il a été trouvé en 1973, une bombe volcanique, malheureusement égarée aujourd’hui, enchâssée dans la faille d’un rocher à deux pas de la chapelle. Ce lieu pourrait remonter aux temps celtiques où déjà des rituels liés aux croyances de ce temps-là se seraient déroulés.
Poirin et sa Vierge restent le symbole de l’attachement de beaucoup à ces lieux perdus dans la nature où se perpétue l’appel inexplicable du sacré."
Nous pénétrons dans le bois par un large chemin.
Très vite, notre attention est attirée par un buisson de Fusain d'Europe, Euonymus europaea, sans feuilles, mais encore décoré de ses capsules rose violacé, qui ont perdu, hélas leurs belles graines orangées..;
Ce petit bois clair est composé essentiellement de chênes et de charmes dont certains sont encore ornés des grappes pendantes de leurs fruits desséchés...
voir:
http://naturalistesdubugey.over-blog.com/2016/11/feuilles-d-automne-2.html
Dans cette ambiance terne, quelques taches de vert sombre...
celles des arbres et arbustes à feuillage persistant.
Leurs feuilles sont souvent petites, coriaces, souvent vernissées, résistantes au gel et à la sécheresse.
peu fragiles et évaporant peu d'eau, elles peuvent passer l'hiver en maintenant un flux de sève réduit. Cette sève s'épaissit en hiver et se concentre en minéraux (potassium notamment) et en sucres. Ces substances agissent comme un antigel...plus ou moins efficace selon les espèces.
A l'orée du bois, quelques buissons de buis qui ont été épargnés par la pyrale...
http://naturalistesdubugey.over-blog.com/search/pyrale%20du%20buis/
Plus loin, des touffes éparses de Fragon, Ruscus aculeatus, que l'on appelle également "petit houx" dressent leurs curieuses tlges raides chargées de "feuilles" terminées par une pointe piquante.
En réalité, ces "feuilles" sont des rameaux très aplatis, appelés: cladodes, sur lesquelles apparaissent, insérées en leur centre, des petites fleurs verdâtres qui donnent sur les pieds femelles (l'espèce est dioïque ) de jolies baies globuleuses rouge vif, semblant se trouver sous le cladode par rotation de celui-ci.
Dans la forêt de Rothonne, il forme par endroit des tapis denses et griffants où l'on a, comme ici, bien de la peine à trouver encore des baies...
Autre arbrisseau à feuillage persistant: le Daphné lauréole, Daphne laureola luit dans la douce clarté
Un genévrier, Juniperus communis, nous menace de ses aiguilles acérées...
Et puis, voici du Houx, Ilex aquifolium, avec son joli feuillage vernissé, hélas, lui aussi a perdu ses jolies boules vermillon...
« En décembre, dans les forêts brumeuses, le houx seul s'est paré pour la renaissance du soleil au solstice le plus pâle. Ferme dans sa cotte plus verte et plus solide de trancher sur la foule triste des arbres en haillons, riche de ses pendeloques vermeilles, il attend, roi mage des grands bois, se lever l'étoile de Noël.
Cette joyeuse vaillance lui vaut, dans toute l'Europe, chez les paysans, une excellente réputation: c'est l'arbuste bénéfique, redouté par les esprits mauvais, les sorcières et les jeteurs de sorts...» **
** P. Lieutaghi ( le livre des arbres, arbustes et arbrisseaux )
"La tradition d'en orner les maisons au solstice d'hiver est très ancienne. Il est dit que la foudre ne tombe jamais sur un houx. En Espagne autrefois, les jeunes filles interrogeaient le destin en décomptant les épines d'une feuille de houx et en répétant: " fille, femme, veuve, religieuse ", la dernière épine donnant la réponse .." *
* Sauvages et toxiques EDISUD
Les fruits du houx sont des drupes (comme la cerise ) qui contiennent 4 noyaux enserrant une graine lignifiée. Régal pour grives et merles, il peut constituer un bon abri pour les oiseaux. Juste retour des choses, car on tirait de son écorce interne verte, dite seconde écorce, de la glu pour une pratique aujourd'hui interdite: la chasse aux gluaux dont étaient victimes les passereaux...
Son usage médicinal traditionnel est remis en question...
en ces temps de Noël, nous ne retiendrons que son côté ornemental
et nous dirons, avec Charles Frémine:
Courez à la forêt prochaine, Courez à l'enclos des fermiers; Coupez le gui sur le grand chêne, Coupez le gui sur les pommiers! Coupez le gui! Coupez le houx! Feuillage vert, feuillage roux; Mariez leurs branches! Perles rouges et perles blanches. Coupez le gui! Coupez le houx! C'est la Noël! Fleurissez-vous. Chassez les grives et les merles, Chassez la mésange au dos bleu Du gui dont les fleurs sont des perles, Du houx dont les fleurs sont du feu! |
Pour en savoir plus sur le houx, voir cette publication de l'ENS de Lyon (département de Biologie )
Joyeux Noël chers lecteurs !